Sculptures

Pions

1992. Gilles Barbier inaugure un protocole de travail dont les règles, simples et concises, privilégient une approche « de côté » de la chose artistique, de l’idée et du travail : un damier, des pions, un opérateur de déplacement, des énoncés. Le dispositif de ce jeu est très sommaire. Le « Pion », véritable acteur, n’est encore qu’une figure en plâtre mais très vite il délivre quantité d’idées et celles-ci doivent être interprétées, traitées, traduites en objets, dessins, photographies, séries, installations…

Lire la suite

Les années suivantes, Barbier travaille à faire vivre le foisonnement et la variété des projets qui, pour ainsi dire, explosent. Fin 1994, il tente de formaliser sa singulière approche avec une installation : « Comment Mieux Guider Notre Vie au Quotidien ». Les pions passent alors à quatre pour compenser par leur nombre la multitude des scénarios artistiques qui se profilent. Gilles Barbier prend alors le parti d’une représentation hyperréaliste, en cire. À cette époque, les « Pions » portent encore une poignée dans le dos pour faciliter leur déambulation sur le damier des possibles.

Petit à petit, les pions abandonneront le damier, la poignée dans le dos et le protocole du jeu originel pour entreprendre une traversée du corpus social et culturel à travers des incarnations aussi multiples qu’extravagantes. À travers leur réplication à l’identique, ils restent rattachés à leur modèle originel, l’artiste : traits du visage, mains et pieds fidèlement moulés sur ce sujet docile. En découle un voyage dans le temps et le double de l’artiste, devenu modèle, accompagne son vieillissement. Si 30 ans séparent aujourd’hui les premiers « Pions » des derniers, l’écart ne cesse de se creuser, troublant encore la relation au même.