Peintures

Le Naufrage (2009-2010).

Après le Cockpit et le Blender, Gilles barbier élabore Le Naufrage. C’est la première fois que ce titre apparaît clairement dans son travail. Son frère vient de décéder brutalement dans un accident de surf et il est dévasté. L’élément liquide, l’océan, tout ce qui fait courant, flux, rouleau, l’énergie aqueuse qu’il explore jusque dans ses techniques de peinture, tout cela rappelle une perte irréparable. Cette œuvre s’inscrit dans ce moment où le naufrage est aussi un morcèlement, une cassure. Le format, que Gilles Barbier avait souvent agencé par panneau pour traduire les temporalités narratives, se brise. Et ces brisures de peinture se mettent à flotter, comme autant d’épaves. Le naufrage va devenir une notion dans laquelle va s’incarner l’imminence du danger, de la catastrophe. Devant l’indicible, et pour la première fois, l’artiste y déverse des flots de Lorem Ipsum.  Mais le naufrage, par extension, est aussi la promesse d’une reconstruction, d’un nouveau rivage où accoster. Reconstruire à partir de débrits, de restes, avec l’imagination et la farouche énergie de celui qui survit.