Peintures

« Le Trésor ». I & II.

Le trésor est toujours quelque chose d’énorme, même quand il est tout petit ! Je veux dire que par sa qualité de trésor, il excède ses contours rationnels pour gagner tout le champ du fantasme, du désir ou de l’espoir, parfois jusqu’au morbide. Mais le trésor est aussi un secret. Le montrer c’est risquer de le (se) voir éventré. Aussi parfois on montre un leurre, une copie, pour préserver le réel. Je construis  mes « Trésors » en tapant des mots clés (lingot, calice, coffre, or, argent…) sur Internet.  Je dérobe tout ce que je trouve dans les banques d’images puis agençe mes larcins sur le papier.
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Il y a cette jouissance d’être un pirate, tout en profitant du fait que la transposition de l’image à la main force les lois du copyright. Je travaille comme ça, aucune propriété ne menace mes appropriations… En raison de la disparité des résolutions d’images, certains objets et plans sont flous, d’autres nets, pour des raisons qui ne sont pas optiques mais informatiques. J’aime cette idée que la netteté d’un objet dépend du niveau de compression avec lequel son image intègre le flux.

Par ailleurs, le Trésor est exécuté à la gouache sur papier, ces parents pauvres de la peinture. La gouache ne se fixe pas. Le papier boit l’eau et les pigments se déposent à sa surface. C’est le médium des illustrateurs et des dessinateurs de BD, pas des peintres… Prenez un éponge humide et vous pouvez retirer ce pigment, gommer l’image ! C’est aussi délicat que du pollen. J’ai conçu les Trésors comme des vanités dérisoires cachées derrière la précision et la délicatesse de son image. Un château de sable que la marée montante pourrait effacer.

Extrait de l’entretien avec H.L. (« Le Trésor », 2018).