Le Terrier. 2004
Un terrier, excavé, mis en lumière. Un terrier dont l’habitacle et les fonctionnements secrets sont dévoilés. La nudité intégrale. Pas que le corps, tout. La vie, la mémoire, les désirs, les amours, les trésors, les fétiches… Tous les petits secrets. Franz Kafka a exploité cette angoisse dans sa nouvelle de 1923, quelques mois avant sa mort. Il y développe le décentrement et le terrible inconfort que provoque l’exposition. Les terriers font référence à tous ceux qui se sont enterrés, cachés, par honte, par peur ou par désespoir, à tous ceux qui ont eu besoin d’enfouir leur vie ou leur mémoire, à tout ceux qui veulent se planquer, à ceux qui ont froid, ou peur…. Mais avec les terriers qu’on déterre, l’idée principale, l’idée qui est au cœur de ce geste, c’est l’exposition. Exposer. Tracter ses petits et grands secrets, tracter ses victoires autant que ses échecs au centre de l’attention ! Exposer, s’exposer : un rite narcissique ? Sans aucun doute. Un déracinement, une expropriation, une mise à nu, à distance ? Un geste d’artiste ? La mise en lumière ? La délocalisation comme mode de locomotion ?
Extrait de l’entretien « Le Terrier », avec Juliette Laffont (2013).