Liens vers Banana Riders, Fromage.
La Patinoire, 2009.
(…) La glisse renvoie naturellement à la culture surf et skate ; c’est par là que je l’ai approchée et pratiquée avec acharnement. Toutefois, je la conçois aujourd’hui plus comme une façon de penser, une manière de lubrifier les contradictions et les écarts, de tisser les liens sous-jacents d’un espace turbulent. Quand je dépose une peau de banane entre deux objets, c’est parce que la trajectoire qui mène de l’un à l’autre n’est pas une droite, encore moins une démarche, mais une ligne brisée, un ricochet, une danse compliquée, un déhanchement ou un grand écart, une chute, une promenade peut-être.
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Tous les agents mouillants reépertoriés et livrés sous la forme de petites sculptures hyperréalistes sont à saisir comme les segments interstitiels entre deux ou plusieurs états d’une pensée qui ne va pas droit. Si l’on situe tous les objets que je présente sur la « patinoire » dans le contexte que je viens de décrire, alors la « patinoire » devient l’espace où la pensée non linéaire, non raisonnable peut s’ébattre et danser librement.(…)
(…) L’agent mouillant doit être glissant, faciliter la chute ou l’accélération. Mais trois autres propriétés me sont chères ; la métamorphose, la perforation et la ventilation. Elles m’offrent la rêverie d’un espace en mutation permanente, troué et irrigué, vascularisé. Les choix que j’établis – que ce soit pour les objets ou les matières – répondent à ce cahier des charges. Je les vois comme des « passeurs » ; du dur au mou, du liquide au solide, du fermé à l’ouvert, du dedans au dehors, du lent au rapide, du debout au couché, du compact au parcellisé… Dans tous les sens. Cependant, je ne cherche pas à en faire l’inventaire, ni l’archivage. Je me sers des agents mouillants comme les os se servent des cartilages pour se casser en deux, en trois, ou plus si le mouvement se complique. (…)
Extrait de l’entretien « Patiner », avec Éric Mangion, 2009