La Boîte Noire, 2015.
La Boîte noire se compose de quatre tourniquets sur lesquels se déploie 96 « Dessins noirs ». Cette série entamée en 2002 forme un ensemble que l’on pourrait comparer à un journal de bord, un carnet de notes. Les dessins noirs transcrivent les spéculations, les questions, les hypothèses et toutes les recherches qui accompagnent ou précèdent le travail de l’artiste. Imaginés comme autant d’éclairages, ils sont systématiquement traités sur fond noir, et les motifs comme les textes qui y figurent sont peints à la gouache noire en « réserve ». Le blanc du papier, jouant le rôle de source lumineuse, agit à la façon d’un néon ou d’une lampe, révélant le sujet, le tirant du all-over noir dont il semble surgir. Agencés, ils créent ainsi une immense nuit éclairée ça et là par de petites lumières, laissant apparaître des détails, des textes, des scènes.
Ces dessins sont agencés sur des tourniquets dont les vitesses de rotation, accordées pour générer un espace combinatoire, mettent en relief une notion essentielle du travail de Gilles Barbier : la suspension de l’état défini (voire définitif) d’une choses au profit d’une étendue qui regroupe tous les états possibles de cette même chose… Non plus un accrochage, mais son exponentiel.