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Hawaiian ghosts
Les fantômes ne vont pas qu’en draps blancs. Si, en Écosse ou dans les pays blafards, le fantôme traîne sa misère sous de pâles liceuls, en Océanie il se pare de couleurs et d’hibiscus.. Sous le somptueux drapé se cachent peut-être des tongs… Gilles Barbier, l’un des plus grands artistes contemporains, est né au Vanuatu – je l’apprends en associant son nom et « chemise hawaïenne » sur un moteur de recherche. La tong est d’ailleurs devenue sa signature. Il en met aux pieds de ses clones et autres héros fatigués. Mais c’est un artiste de la mélancolie. Les paradis sont dans l’œil du cyclone. Le niveau de la mer monte. Les îles disparaissent, sous la mer turquoise affluent les spectres. Les cocasses fantômes du plasticien sont des monument funéraires : plus ils sont colorés, plus le corail blanchit.
Marie Darrieussecq : « Les couleurs des fantômes », 2017.