Peintures

Equilibrium

(…) J’ai un rapport au livre particulier. Je suis assez dérangé pour copier le dictionnaire depuis plus de trente ans. Mais le livre, c’est aussi la bibliothèque. L’élévation, la construction, le rangement. (…) Or, rien ne va jamais et toutes mes tentatives en vue d’en rationaliser l’accumulation sont systématiquement vouées à l’échec. De même, l’architecture de notre bibliothèque intérieure est bien plus chaotique et dynamique qu’un simple alignement par genre ou par auteur, taille ou édition, ancien ou récent…

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La série des « Equilibrium » dessine cette intériorité instable, fragile et improbable qu’on appelle parfois « culture ». Mot détestable et prétentieux, que j’échangerais volontiers pour « bordel ». Là où s’échangent les savoirs et les humeurs, avec truculence et appétit. Là où se construisent des cabanes plus ou moins branlantes, des alcôves secrètes où se métissent dans des liaisons inavouables les genres, les catégories, les classes… Car enfin, chacun le sait, la culture, ça se bricole pour mieux s’effondrer, Tour de Babel chronique …

Les « Equilibrium » retracent cette plasticité chancelante. En piochant ici et là et en construisant des édifices qui menacent ruine. Réalisés à la gouache sur papier, sur des formats 50 x 65 cm pour les petits, 190 x 148 cm pour les grands et tous datés de 2023.

Extrait d’une lettre à Sophie Toulouse pour la revue « Bagarres, Pièce Montée, round #3 », novembre 2023.