Copie du dictionnaire (Petit Larousse Illustré, 1966).

Gilles Barbier recopie le dictionnaire du petit Larousse illustré – édition de 1966 – depuis le début des année 90. L’origine de ce travail est à chercher dans un dispositif conceptuel, le jeu de la vie, imaginé par l’artiste en 1992.  Composé d’un damier où un pion se déplace aléatoirement, ce jeu délivre des énoncés. « Travailler le dimanche » fut celui qui déclencha le protocole de la copie ! Clin d’œil aux peintres du dimanche et tâche monumentale à la Bouvard et Pécuchet, la copie du dictionnaire s’est néanmoins, au fil du temps, installé au cœur du travail, générant sa propre architecture, son propre temps et son propre écosystème. D’ailleurs, si l’œuvre de Gilles Barbier était une ville, cette copie y jouerait assurément le rôle de ligne de métro ! La ligne 1 plus précisément. La traversant de part en part, on pourrait la prendre à partir de la station « de A à Alpha ». Puis descendre à « de Minage à Naufragé(e) ». On ne connaît pas le nom du terminus, encore en chantier, mais les multiples autres lignes qui croisent déjà cette ligne 1 autorisent le voyageur à sauter dans d’autres rames, qui filent vers d’autres directions… Une manière significative de visiter l’univers de Gilles Barbier, et sa colossale amplitude.

Monique Barbier-Mueller, 2015.

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Le Protocole.

  • Consacrer les dimanches à copier le dictionnaire du Petit Larousse Illustré (Édition de 1966).
  • Commencer par la page de garde (drapeaux).
  • Écrire à la plume et reproduire les illustrations à la gouache.
  • Le style d’écriture est laissé libre mais devra rester lisible, les reproductions se voudront fidèles aux modèles.
  • Copier le dictionnaire mot à mot, intégralement et dans l’ordre donné, sur des formats de papier de 215 x 215 cm, marge blanche de 15 cm en haut et sur les côtés, de 20 cm en bas.
  • Placer, si possible, les illustrations reproduites sous le mot référent.
  • Corriger les fautes et les oublis constatés lors de la copie, ainsi que les illustrations ratées ou ne rentrant pas dans le format établi sur un ou plusieurs errata, de taille raisin (65 x 50 cm), placés à droite.
  • Le nombre d’errata est limité à six.
  • En cas de dépassement du nombre d’errata autorisé, l’exécutant doit refaire sa copie dans son intégralité, preuve irréfutable de sérieux.
  • L’historique des erreurs est consigné au préalable sur un cahier : le Livre des erreurs, dont l’organisation et la présentation sont laissées libres.
  • Lorsque l’exécutant arrive au bas du format imposé, il poursuit son travail sur le format suivant, en respectant la règle de l’ordre alphabétique.
  • Le titre du segment obtenu est ainsi formulé : de « premier mot en haut à gauche » à « dernier mot en bas à droite ».
  • Après avoir copié intégralement la section « NOMS COMMUNS », l’exécutant propose une ou plusieurs solutions efficientes pour une présentation agréable des « PAGES ROSES » intermédiaires, composées des locutions latines et étrangères.
  • L’exécutant poursuit ensuite la copie en respectant le même protocole avec la section « NOMS PROPRES ».

Marseille, le 14 octobre 1992.