Installations

« Checkers », 2015.

(Exposition Écho Système, Panorama, Friche Belle de Mai).

Le Checker est une variante du jeu de Dames. Il se joue sur un damier de 64 cases, avec 24 pions, 12 d’un côté et 12 de l’autre, rangés en 3 rangées de 4. Les règles sont les mêmes qu’aux Dames : déplacement en diagonal, vers l’avant, et lorsqu’un pion atteint la dernière rangée, il devient dame.

En 2015, quand  l’occasion se présente (exposition « Écho Système », Panorama de la Friche Belle de Mai), Gilles Barbier organise la partie de Checkers à laquelle il songe depuis quelques temps. Il dispose de suffisamment de Pions pour cela. 24 d’entre eux seront investis dans un duel qui, un par un, les décimera jusqu’aux derniers, déclarés « vainqueurs », ceux qui restent. La partie oppose deux ordinateurs, et le premier coup est joué le soir du vernissage.

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Durant tout le temps de l’exposition, la partie se joue. Au gré de son évolution, Gilles Barbier déplace les Pions et soustrait ceux qui sont « pris ». L’agencement de ces sculptures dans l’espace est modifié constamment, leur nombre se raréfie, comme si une main invisible tâtonnait, cherchant le « bon accrochage ». Chercher le « bon accrochage, la « bonne installation »…  Gilles Barbier s’en amuse. En effet, un des objectifs que s’est fixé l’artiste, laissant la part belle au hasard, c’est de montrer qu’un dispositif de monstration n’est pas meilleur qu’un autre. Que toutes ses versions sont recevables, et que seul le postulat qui définit chacune d’entre elles identifie une intention. Or, l’intention ici est bien de se jouer de cet absolu de subjectivité, souvent présentée comme légitime, voire comme autorité. D’ailleurs, dans la fiche signalétique qui accompagne l’exposition, il ajoute un dernier éclairage :

Si je pense souvent en négatif, je travaille très peu par soustraction, privilégiant le « et » cumulatif au « ou » duchampien. Cependant, j’ai lu quelque part que l’art du portrait, dans sa quête de vérité, était censé débarrasser le sujet de ses superflus pour en révéler l’être profond. L’être profond, le sens profond ! Ces idées m’ont toujours beaucoup fait rire…

Un livre de bord rend compte de cette partie, décrite coup par coup. Il a été tenu entre le 25 août et le 01 décembre 2015. L’artiste a tenu à ce que seul un manuscrit rédigé par ses soins documente ce moment.