Cabanes sur Bonsai.

(…) En 2004, j’ai construit une cabane dans un arbre. Ça a été une expérience extraordinaire où se sont croisées architecture, sculpture et botanique. J’ai mis le doigt, lors de cette sortie en apesanteur – entre ciel et terre – sur une notion autour de laquelle je tournais depuis longtemps sans pour autant la saisir pleinement : l’absence d’intention. Construire une cabane dans un arbre, c’est pratiquer une architecture sans intention particulière. D’ailleurs, la destination d’un tel objet n’est pas claire ; espace de vie, espace onirique, sculpture, nécessité d’usage ? Mais la spécificité essentielle de ce projet, c’est qu’il ne peut se penser au préalable. Il s’établit au jour le jour, en fonction des horizontales et des verticales que propose la structure de l’arbre, et la pensée virevolte de branche en branche pour y construire sa cohérence. Chaque geste est opportuniste, et la préméditation n’a pas d’horizon plus lointain que le jour d’après.

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Cette légèreté, j’ai souhaité la garder auprès de moi, en conserver la fraicheur, ou la leçon. Cependant, construire dans un arbre, c’est compliqué, dangereux, épuisant. Quelques années plus tard, je me suis dit que je pouvais poursuivre l’expérience, mais comme en laboratoire, à l’atelier, avec des bonsaïs. Alors, comme tu le sais, j’ai commencé à construire des maquettes de cabanes dans des bonsaïs, et quand l’un d’eux est mort, je me suis intéressé au dessous. À ce qui pouvait bien se passer au niveau des racines, et j’ai agrandi le territoire en imaginant les terriers qui pouvaient prolonger l’expérience de cette conquête de l’espace jusque profond sous la terre. (…)

Extrait d’un échange avec Jean Pierre Cometti (2010).