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Vanishing Pictures
Dans la grisaille soutenue de ces gouaches, une sensation prévaut : l’effacement. À peine livrées à notre regard, ces images glanées sur la grande Toile s’arrachent au confort de l’évidence pour ne plus servir qu’une nébuleuse de formes défaillantes. Le trop-plein photographique a migré vers un murmure pictural. C’est le moment furtif et effaré de ce dessaisissement qui informe ces gouaches de Gilles Barbier. Transparence et porosité du support s’affirment d’emblée. Par la dimension : la vue est endiguée dans l’effet de surface. Mais aussi par le paradoxe de son voilement. Le receleur d’images a presque escamoté ses prises. Davantage que les situations ou les mots évoqués, un procès en disparition instruit en elles la vanité de toute représentation. Car il n’y a pas plus de vérité de l’image que de vérité de la chose vue. Elles s’exposent toutes deux à travers l’enduit blafard de l’incertitude. Ainsi, l’artiste a matérialisé le poids de la contingence avec le rendu d’un trouble perceptif. Éteint à la couleur, le motif se perd dans une monochromie crépusculaire. Exposées ensemble, ces gouaches laissent aussi transparaître les fragments d’une suite narrative dont le moment focal diffuse monotonie et mélancolie.
Jacque Samson in L’Émmentaliste (2011).