Vues d'expositions

Écho Système, 2015.

Friche Belle de Mai. Commissaire Gaël Charbau.

Le premier volet de cette exposition propose un voyage rétrospectif de près de 25 ans dans l’œuvre de Gilles Barbier. Dessins, peintures, installations, photographies : plus de 140 œuvres sont présentées, toutes choisies pour l’éclairage qu’elles apportent sur les « obsessions » de l’artiste.

Le second volet repose sur deux installations monumentales, très différentes formellement, mais proches par les notions auxquelles elles renvoient. La permutation et le combinatoire, le hasard et le jeu, clés de lecture fondamentale chez cet artiste, servent ici deux dispositifs qui, tout en faisant du temps de l’exposition un ensemble de moments uniques, mettent en relief le long travail de Gilles Barbier sur sa propre mémoire et sur son identité. Deux pièces, « La Boîte noire » et « Les Checkers », pour une plongée dans un monde où indétermination et hasard jouent des rôles essentiels. Où le spectateur, mêlé aux flux des combinaisons, voit se composer instant après instant, des possibilités d’expositions.

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Parmi les grandes surfaces inexplorées, avant le cosmos et le fond des océans, c’est sans doute le fond de nous-mêmes qui reste le territoire le plus lointain. Nous en sommes tous, à des degrés divers, des géomètres, des mesureurs, des inspecteurs, mais seule une petite délégation a reçu l’autorisation d’aller y plonger les deux mains, pour en ramener une boue mystérieuse. Les artistes, ces scaphandriers de l’inconscient, nous leur confions par principe et depuis au moins trente mille ans la lourde responsabilité de nous ramener, à chaque fois que cela est possible, quelque chose venant à peu près du fond de l’existence.

Gilles Barbier n’est pas un débutant dans la profession, il a même l’étoffe des héros, ceux qui n’ont pas peur de se coltiner les symboles, les poncifs et les démons personnels. Imaginer une exposition rétrospective de Gilles Barbier relève presque de la gageure : son œuvre est en effet un défi permanent adressé au temps, à l’espace, et aux relations qu’ils sont censés entretenir. Au-delà d’une simple présentation chronologique, et pour éviter tout « rangement » dans la carrière de l’artiste, nous souhaitons proposer aux spectateurs une sorte de traversée dans le labyrinthe créatif qui caractérise l’œuvre de Gilles Barbier. L’exposition proposerait un langage et des matérialisations. Le langage serait le résultat de différentes conversations menées avec l’artiste autour et à l’intérieur de son œuvre. Les matérialisations seraient la partie « visible » de l’iceberg, un choix de pièces déjà connues mais aussi de nombreuses œuvres plus secrètes. L’ensemble de l’exposition pourrait ainsi être pensée comme un corps dont les multiples organes (espaces) constituent une forme de vie, voir une méthode créative de survie contemporaine.

Gaël Charbau.