Naufrages

Le thème du naufrage, récurrent dans l’œuvre de Gilles Barbier, convoque dérives, radeaux, houles et tempêtes. Il dépeint l’instabilité du monde vue par l’artiste.

Cette thématique, réactivée fin 2023, ouvre un nouveau chapitre dans l’œuvre de l’artiste. En effet, s’inspirant de l’Odyssée d’Homère, voyage initiatique sans but désigné, la série Naufrages peint les désarrois comme les émerveillements d’une sortie de route existentielle. Elle structure ce récit en énonçant des étapes ou des épreuves, autant d’îlots où vont s’imaginer les soifs, les peurs, les chants, les signes, les rivages, les hallucinations, les rencontres… L’archipel qui se dessine au fil de la progression de cette série semble révéler un espace tout aussi esthétique que politique.  

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Le titre de l’œuvre Naufrages – Le Premier Chant se réfère au chant létal des Sirènes auquel on ne peut résister. Par retournement ici s’évoque la fin annoncée des cantatrices marines. Gilles Barbier montre une baleine échouée sur le dos, déposée sur le sable noir, le ventre gonflé d’une psalmodie absurde en Lorem Ipsum.

L’utilisation du polyester et de sa transparence permet un travail recto verso de la surface picturale. Les différentes techniques de dessin et de peinture (dites humides, ou maigres) engendrent de nombreux processus : les recouvrements, les retraits, les révélations et les griffures sont autant de gestes picturaux qui suggèrent la sédimentation des strates émotionnelles, de l’enfouissement jusqu’à la révélation, en parcourant le spectre des troubles dont cette série et  particulièrement cette œuvre est le sujet.

Catherine Pinatel